Les addictions : Emotions, processus, Sevrage & Guérison
Les addictions peuvent être de toutes sortes, alimentaires, sexuelles, technologiques, affectives, alcool, stupéfiants, médicaments, achats/shopping, jeux, argent, travail etc.
A travers une addiction on vient remplacer la source d’un mal être par une source qui nous procure un sensation de bien être sur l’instant. Cette sensation est bien souvent de très courte durée et peut s’ensuivre de la colère, de la culpabilité, de la tristesse… Et générer encore plus de mal être sur le long terme. Lorsque l’on est dans cette spirale à chaque fois que l’on vient remettre une couche de ce qui est néfaste pour nous et ne correspond pas à ce que nous voulons profondément, c’est la confiance en soi qui en prend à chaque fois un coup. Comment se faire confiance alors que nous ne sommes pas capable de résister à quelque chose qui nous est néfaste ?
Lorsque l’on a un sentiment de vide, de mal être on va essayer de le combler par la pratique de quelque chose qui nous remplit de bonheur l’espace de quelques instants, quelques heures. On se déconnecte de nous même, on passe à autre chose qui nous procure du plaisir pour tenter de s’extraire d’un malaise, de quelque chose que l’on ne peut pas expliquer.
La plupart du temps ce malaise, ce mal-être que l’on ne peut pas expliquer s’apparente à une déconnexion, notre corps nous envoie des informations que l’on n’est pas en mesure de gérer, que l’on ne sait pas comment gérer, que l’on a pas appris à gérer.
Je l’expliquerai par le fait que nous ne sommes plus en contact avec nos émotions, ou plus exactement que l’on essaie de les réprimer, mais là est le problème, c’est que bien souvent on ne sait pas ce qui nous arrive, on ne nous a pas appris à mettre des mots sur ces sensations corporelles, ces émotions, nous n’avons pas appris (ou n’avons pas eu le droit) à nous écouter attentivement.
Lorsque l’on prend quelques instants pour se reconnecter a soi même, écouter ce qui se passe vraiment à l’intérieur, ça peut faire peur car on en a pas l’habitude mais sur le long terme c’est ce qui nous libèrera. Nous ne sommes pas libres lorsque nous sommes dépendants de quelque chose, car ce quelque chose nous empêche de vivre la vie que nous aimerions avoir.
Comment s’inscrit la dépendance ?
La dépendance s’inscrit en nous de bien des manières différentes
Un renforcement intermittent, timidité, solitude, sentiment d’inutilité, besoin de plaire, besoin d’attention, recherche de validation extérieure, insécurité, manque de confiance en soi etc…
Ces conditions peuvent prendre racine dans l’enfance et l’adolescence puis se renforcer au fil du temps selon les expériences répétitives que l’on va vivre. Si l’on a été dans l’incapacité d’exprimer ses émotions parce que l’on en avait pas le droit ou parce que l’on a pas appris à le faire, on a pu developper des mécanismes d’adaptation & crée des stratégies pour s’écarter de ces sensations de mal-être qui nous submergeait, sans pouvoir aujourd’hui s’en défaire. Mais aussi des mécanismes de reproduction dûs à notre conditionnement : On fait ce que l’on a vu, connu, ce qui est normal à nos yeux car nous n’avons pas d’autre modèle.
Chez certains on constate même une addiction a la rumination et aux pensées négatives. En restant dans le mental peut-être est-ce un moyen d’éviter de regarder la réalité en face & d’agir ? Question rhétorique 😉
Pour d’autres ce qui a pu commencer comme un jeu (un délire), peut par la suite prendre une toute autre dimension & finir par prendre toute la place dans leur vie.
Dans tous les cas il y a un désir de fuite de la réalité (conscient ou inconscient).
Ecouter et ressentir ses émotions peut s’avérer difficile lorsque celles ci sont douloureuses, et semblent incontrôlables. On vient alors les remplacer par une source extérieure.
Par exemple : Afin de lutter contre la timidité on va prendre un verre d’alcool, pour apaiser sa solitude on va rechercher un partenaire sexuel, une cigarette pour apaiser son stress, un achat pour oublier qu’on s’ennuie, s’acharner au travail pour oublier que l’on est triste… etc…
C’est ici que commence le cercle vicieux de l’addiction, car on ne parle plus de plaisir et d’appréciation du moment présent, on sort de l’acte conscient. On va rechercher une satisfaction instantanée et qui va procurer un apaisement immédiat des émotions que l’on refoule. Le souci c’est que la société nous conditionne à penser que certaines choses sont naturelles alors qu’elles ne le sont pas. Je vous rappelle que fût un temps il était normal de ne pas mettre des ceintures de sécurité ou que fumer dans un train n’était pas un problème.
L’addiction un processus
Sachant que tout être humain possède une capacité infinie à évoluer, nos besoins également.
Nous avons de telles capacités d’adaptations que nous sommes capables de supporter des choses que nous pensions inimaginables, à partir du moment ou elles font leur apparition graduellement. Nous affinons et augmentons notre seuil de tolérance au gré de nos expériences, c’est grâce à ce processus que nous arrivons à nous dépasser lorsque les échecs s’accumulent. Sauf que certains ont des ressources différentes qui leur permettent de gérer les situations plus sainement. J’ajoute que cela ne s’applique pas à tous les domaines chez une même personne, quelqu’un pourrait très bien gérer ses émotions liées au domaine professionnel mais pas du tout au domaine amoureux.
A l’image d’un traitement médicamenteux, on commencera par une dose puis on viendra l’augmenter car nos corps physique et mental se sont adaptés à ce nouveau phénomène extérieur. Une fois l’adaptation effectuée, il faudra certainement augmenter la dose car ce médicament n’a plus aucun effet sur notre douleur car notre corps s’est habitué. Il en est de même pour tout. Un achat plaisir hebdomadaire qui nous a transporté de joie, nous avons envie de revivre cette sensation car nous ne sommes pas conscient de la joie que nous pouvons trouver en nous ou autour de nous dans les choses simples. En gros tout ce qui nous permet de nous évader de nous même et des limites imaginaires que nous nous fixons à notre sujet & que nous connaissons (conditionnements).
Nous sommes en demande, et plus la réponse à cette demande est disponible, plus le mécanisme se met en place. On en arrive à des phénomènes de compulsion pour remplir le vide qui s’empare de nous, vide aussi bien mental que physique.
Lorsque la réponse n’est plus disponible un état de frustration se déclenche, provoquant une libération des émotions parfois incontrolée, soudaine et dans certains cas dangeureuse pour soi ou pour les autres.
Si l’on ne répond pas/plus à cette demande on passe alors à l’étape suivante, le sevrage.
Sevrage & Guérison
Comme toujours dans mes posts, pas de recette miracle… Enfin si l’abstinence & l’amour de soi, dans un monde imaginaire c’est très facile lol mais dans la réalité c’est un peu plus difficile que ça.
L’idée d’équilibre dans sa consommation n’est pas envisageable pour tout le monde, de plus il y a certaines substances qui ne le permettent pas. A chacun de faire son expérience et de juger s’il est capable de se contrôler et de se respecter. Ce n’est pas l’objet de votre addiction qui doit vous controler, mais c’est bel et bien vous qui devez vous controler. Il faut reprendre votre pouvoir en main.
Suis-je vraiment accro ?
A partir du moment où vous jugez que la situation liée à votre addiction a eu un impact négatif sur votre vie et/ou votre santé, et a impactée votre mental et votre moral alors peut-être qu’il serait bon de mettre un terme à ce cercle vicieux…
Les facteurs sont multiples et il est difficile d’exposer tous les cas de figure ici. Je vous invite à consulter des structures professionnelles pour vous aider à faire face à votre addiction selon votre cas personnel. Certaines substances nécessite une prise médicamenteuse de substitution c’est pourquoi il est préférable de consulter un médecin. Lorsque vous avez réprimées vos émotions à l’aide d’un élément extérieur depuis longtemps, elles vont toutes ressortir en même temps ce qui peut-être extrèmement destabilisant mentalement et physiquement. Les sensations physiques peuvent se manifester de différentes manières & leur intensité sera ressentie différement selon la personne et bien évidemment la toxicité & l’implication chimique d’un produit.
Enfin sachez & prenez conscience que la plulpart des sensations que vous ressentez (au delà des effets chimiques générées selon les substances) ne représentent ni plus ni moins qu’une boule d’émotion qui ne demande qu’a sortir. Car ces émotions au lieu de sortir au fur et a mesure, naturellement, se sont accumulées & on a en quelque sorte crée un bouchon.
Expérience personnelle
Dans mon cas personnel & concernant le sevrage des anxiolitiques (d’où le nom de ce blog ‘Pilule Rose’), j’ai traversé des moments très difficile, beaucoup de vertiges, attaques de panique, flashbacks… qui m’ont fait replongé plus d’une fois. Ce sevrage a été accompagné par un arrêt de l’alcool et de toute drogue récréative.
J’ai pris mon temps (beaucoup de temps/1an pour le dernier sevrage) et je me suis écoutée. J’ai diminué les doses progressivement, sur plusieurs semaines, puis plusieurs mois. J’ai probablement fini sur un quart de comprimé de 5mg pendant plusieurs semaine donc autant dire ‘rien’ (mais j’en avais besoin)… Je ne fonctionne pas vraiment aux objectifs donc il m’était difficile de me dire cette semaine la moitié, puis le mois prochain 1 quart… Etc.. J’ai plus ou moins tout géré au ressenti physique. Je vous recommande avant tout d’être doux avec vous même & de trouver ce qui fonctionne pour vous.
J’ai essayé plusieurs fois d’arrêter avant d’y parvenir, la plus mauvaise idée que vous pourriez avoir est d’arrêter brusquement (cela encore une fois dépend des substances & de l’accompagnement que vous recevez).
Conclusion
Toute addiction se soigne! Et vous pouvez le faire!!
Certes il vous faudra passer par des moments intenses et difficiles d’où la nécessité d’un accompagnement (hospitalier ou psychologique). Et il vous faudra aussi apprendre à gérer ce flot d’émotions au coup par coup, travailler sur les flashbacks si vous avez été victime de traumatismes, reparenter l’enfant intérieur etc…mais c’est tout à fait faisable, vous avez toute la force dont vous avez besoin, au fond de vous! Pour les symptômes physiques, il faudra aussi à apprendre à accepter ce que vous ressentez et à laisser passer les vagues.
Si vous avez besoin de parler de votre addiction mais que vous ne savez pas comment vous y prendre des numéros de téléphone sont à votre disposition. Je vous ai fait un récap ci dessous. Ils ont été mis en place par des associations ou par l’état. Merci de consulter google pour en savoir plus sur les tarifs de ces appels (certains sont gratuits). Vous pouvez également en parler à votre médecin généraliste qui saura vous aider.
Si vous êtes intéressés & souhaitez mieux gérer vos émotions, je vous recommande de consulter les articles suivants, qui je l’espère vous donneront quelques clés :
Si vous êtes quelqu’un de sensible & d’angoissé, sachez toutefois que l’anxiété ne disparaitra pas totalement mais vous aurez appris a mieux la gérer et elle ne sera plus aussi handicapante qu’elle avait pu l’être par le passé.
Surtout ne vous découragez pas, il y aura peut-être des rechutes (ou ce que vous croyez l’être), des sensations de ne pas voir le bout du tunnel et pourtant… à la fin de ce processus, vous en ressortirez plus fort mentalement & grandi! Ce n’est pas facile mais ça en vaut la peine, alors je vous envoie plein de courage & de bonnes ondes sur ce chemin.
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